Le numérique, c’est écologique ?

 

A l’image de l’Etat plateforme 100% numérique envisagé par le gouvernement français à l’horizon 2022, notre univers immédiat, professionnel comme privé, est de plus en plus dépendant de notre connectivité. Pour la plupart d’entre nous, le temps est rythmé par ce lien au numérique : il est l’heure des dessins animés, de la tablette, l’heure de lire ses mails, l’heure de payer ses impôts,  de s’inscrire sur Pôle Emploi, l’heure de prendre son billet de train, le moment venu pour payer ses courses au supermarché. Souvent lié à l’univers du travail, qui organise notre rapport au temps, le numérique prend maintenant le pas sur les autres sphères, venant rendre son accès primordial pour rester en lien, rendant le non initié infirme, et sonnant comme un sésame pour celui qui le maîtrise. Les institutions en ont fait un défi, et bien sûr, l’école continue de se questionner sur la manière de l’intégrer, en respectant les réticences des uns et la nécessité de transmettre.

Le monde numérique est si vaste qu’il nourrit aussi bien les fantasmes de la science fiction que ceux des plus engagés transhumanistes, se trouve au centre de pessimistes constats sur le vivre ensemble et alimente simultanément les recherches sur la citoyenneté contemporaine. Souvent pensé en terme de “bien” ou de “mal”, l’univers qu’il tisse a le mérite de nous confronter aux malaises de notre société. En matière environnementale, il oscille entre la position d’outil venant soutenir une forme de sobriété énergétique, et celle de pollution à contenir.

Au centre des politiques publiques actuelles, il s’insère donc dans un domaine qui pourrait les regrouper tous: celui de la crise écologique. Selon le Larousse, l’écologie est la “science ayant pour objet les relations des êtres vivants (animaux, végétaux, micro-organismes) avec leur environnement, ainsi qu’avec les autres êtres vivants”. Le numérique vient justement questionner ces deux domaines : le respect de l’environnement, et la vivacité des interactions sociales.

Que savons-nous de l’impact de notre vie connectée sur l’environnement, pouvons-nous réellement affirmer qu’envoyer un mail est plus respectueux pour notre planète que d’envoyer un courrier postal ? L’outil numérique nous permet-il de nous lier aux autres ou crée-t-il des niches de communication superficielles ? Ce sont à des questions de ce type que la vague numérique doit répondre aujourd’hui, pour s’inscrire dans les défis de la transition écologique, énergétique, et la construction d’une société plus équitable que ces dernières induisent. Numérique peut-il sonner avec écologique ?

Dans notre série d’articles, nous tenterons de donner quelques éclairages à ces interrogations, et verrons que s’il n’y a pas de réponse unique, c’est justement la question qu’il est urgent de se poser à tous les niveaux de nos structures sociales et politiques.